Bonjour M. FERRON,
Je suis responsable des études dans une entreprise de Travaux Publics et je réponds donc aux appels d’offres. J’ai assisté à l’une de vos formations sur l’AIPR. Après avoir visité votre site internet, je me permets de vous poser la question suivante sur votre autre domaine d’expertise : les techniques alternatives de gestion des eaux pluviales. Nous sommes retenus lors d’une négociation avec notre client et devons répondre à une série de questions. Nous ne sommes pas expert sur le sujet et nous faisons appel à votre aide et votre expertise sur le sujet. Comment rassurer notre client sur le risque lié à la prolifération de moustiques dans des noues végétalisées situées à proximité d’une zone habitée ?
L’audition a lieu ce jeudi.
Merci d’avance de votre réponse.
Bien cordialement,
Yohann D.
1 Réponses
Bonjour Yohann,
Je précise que Ouest Formation Conseil TP peut vous accompagner sur le sujet lors de besoins spécifiques (rédaction de mémoires techniques afin d’être compétitif lors d’une réponse à un appel d’offres, aide à la conception technique, négociation avec les services de la DDTM “Police de l’Eau” concernant les dossiers “loi sur l’eau”, négociation avec le client, négociation avec le gestionnaire du domaine public, formation “à la carte” au sein de votre entreprise afin de développer des compétences en interne …)
Pour revenir à la question posée, je constate qu’effectivement il est toujours plus simple de proposer des solutions “tuyau” que la mise en oeuvre de techniques alternatives de gestion durable des eaux pluviales. L’eau pluviale “cachée” dans de vastes canalisations souterraines semblent rassurer …une fausse bonne idée pourtant … !! Et il est plus facile de calculer la section d’un tuyau (les formules mathématiques rassurent … et on reproduit ce que l’on sait faire …) que de mettre en oeuvre une réflexion pluridisciplinaire : hydrologique, hydraulique, géotechnique, paysagère, technique VRD, … juridique (dossier réglementaire “loi sur l’eau” par exemple), ..
Une noue paysagère est un “écosystème” devant être bien conçue notamment sur le plan :
- hydrologique : il ‘agit de déterminer le volume utile de la noue et sa fréquence de débordement éventuel, tout en s’assurant que les débordements ne génèrent pas de désordres majeurs en aval (on parle d’une inondation maîtrisée au niveau du “lit majeur”).
- hydraulique : le débit entrant dans la noue doit se propager dans la noue. Interviendra dans la vitesse d’écoulement le coefficient K de Manning-Strickler. On a notamment tout intérêt à limiter la “débitance” de la noue (Q = S x V) – contrairement au raisonnement tout tuyau ou l’on cherche à évacuer le plus vite !! – donc à diminuer la vitesse d’écoulement V (en diminuant la valeur de K par la mise en place de végétaux dans la noue).
- géométrique : la conception en “V” ou en “trapèze” doit faciliter son entretien et doit permettre de conserver son volume utile. Le profil en long de la noue devra être regardé de près (une baignoire inclinée perd de son volume utile de stockage !!). Attention également aux tassements différentiels pouvant intervenir après la période de réalisation des travaux et diminuant ainsi le volume utile de la noue.
- paysager et environnemental : la mise en place de végétaux hydrophiles participe à la diminution de la vitesse de ruissellement de l’eau (V) donc de la diminution de K, coefficient de Manning Strickler. Sur le plan environnemental, la phytoremédiation et l’évapotranspiration interviendront dans la gestion quantitative et qualitative des eaux de ruissellement.
- temps de séjour de l’eau de pluie : si la perméabilité du sol est insuffisante, un dispositif reconstitué drainant devra être mis en place en dessous du fil d’eau de la noue afin d’éviter que l’eau ne stagne plus de 4 jours. Car effectivement c’est l’eau stagnante qui génère la prolifération de moustiques !! En effet le développement de la larve (suite au dépôt de l’oeuf de part la femelle) nécessite, selon les espèces et la température de l’eau, entre 4 et 12 jours de séjour continu dans un milieu aquatique.
En conclusion, une noue paysagère en milieu urbain n’est pas “un fossé enherbé en ville”, c’est un véritable dispositif de gestion des eaux pluviales maîtrisé aussi bien sur le plan quantitatif, qualitatif, qu’ environnemental.
Bien cordialement,
A. FERRON
⇒ pour aller plus loin : article publié dans la revue Technicité en 09/2017